jeudi 8 mars 2012

Gaspillage : le train de vie princier de Paul Biya

Yaoundé 8 mars2012. Plus d’un milliard de francs Cfa dépensés par le chef de l’Etat et sa suite en 34 jours passés en Suisse du 31 janvier au 4 mars derniers. 

Paul et Chantal Biya lors d'un séjour en Europe
L’article publié dans les colonnes du Jour le 5 mars denier a choqué plus d’une personne et suscité des centaines de réactions d’indignation sur les sites internet et autres réseaux sociaux : le dernier séjour du président de la République, Paul Biya en Suisse. Il a résidé à l’hôtel Intercontinental de Genève dans une suite du 6ème étage qui est pratiquement devenue sa propriété. L’on apprend en effet de sources proches de la direction commerciale de ce palace genevois, que cette suite luxueuse est en permanence réservée, que Paul Biya y séjourne ou non. Soit environ 100 millions de francs Cfa par mois.

Pour son dernier séjour en Suisse, Paul et Chantal Biya ont quitté Yaoundé le 31 janvier avec une smala d’une cinquantaine de personnes. Tous ces courtisans et la suite officielle du chef de l’Etat ont logé à l’Intercontinental dont la chambre la moins chère vaut 600.000 francs Cfa la nuitée. En prenant en compte une délégation de 40 personnes logées à l’hôtel Intercontinental, la note s’élève à 24 millions de francs Cfa par jour. Pour les 34 jours passés en Suisse, la délégation du chef de l’Etat a donc entraîné une saignée de 816 millions de francs Cfa des fonds publics. A cela, il faudrait ajouter le transport de tout ce beau monde, sachant que le chef de l’Etat se déplace en général à bord d’avions spéciaux loués aux frais de la princesse. On irait alors au-delà du milliard de francs Cfa. Dans un pays où on meurt de choléra, où des quartiers entiers de la cappitale Yaoundé sont sans eau.

Sollicité pour intervenir sur le dernier séjour coûteux du chef de l’Etat en Suisse, un cadre du Rdpc, généralement très ouvert à la presse, n’a pas souhaité s’exprimer, visiblement embarrassé. « Il vaut mieux faire parler les gens d’en face. Je ne peux pas. Pardonnez-moi, mais je ne peux pas parler », s’est-il excusé.

Ce n’est pas la première fois que le séjour du président Biya en Europe et les dépenses liées suscitent la controverse. Juillet 2009. Il est en visite officielle à Paris où il rencontre Nicolas Sarkozy. A l’issue de ce tête-à-tête présidentiel, Paul Biya s’accorde une escapade de trois semaines dans la cité balnéaire de La Baule. Le chef de l’Etat et sa suite d’une quarantaine de personnes déposent leurs valises dans deux palaces : L'Hermitage et Le Royal, du groupe Lucien Barrière. Coût de la villégiature : 900 000 euros (environ 585 millions de francs Cfa), révèle Anthony Torzec, le journaliste français auteur de l'enquête sur le séjour présidentiel à La Baule. Ces révélations font grand bruit. L’indignation est telle que le ministre de la Communication est obligé de réagir. Issa Tchiroma Bakary dénonce un acharnement contre le chef de l’Etat camerounais. « Le président de la République est victime d'une agression de forces tapies dans l'ombre, qui manipulent les médias, même hors des frontières nationales », martèle-t-il.

« Ce gaspillage est inacceptable »
Jean Michel Nintcheu, député Sdf
Je condamne la culture du gaspillage des ressources de l’Etat par le chef de l’Etat. J’ai été l’auteur, il y a quelques temps d’une proposition de loi visant à contrôler les dépenses de la présidence de la République. Mais comme à l’accoutumée, elle a été rejetée. Cette proposition de loi était intervenue à un moment où Paul Biya était accusé d’avoir dépensé beaucoup d’argent à La Baule. Ce gaspillage est inacceptable. Paul Biya ne devrait pas se livrer à de telles dépenses. Je pense qu’il n’a pas la légitimité et la légalité pour conduire l’Opération Epervier puisque lui-même est le premier détourneur de fonds publics à travers ses nombreux voyages.


« Faux débat »
Charlemagne Messanga Nyamding, membre du comité central du Rdpc
C’est un faux débat. Le Cameroun a  des problèmes de gouvernance et de sécurité et le gouvernement travaille chaque jour pour y apporter des solutions. Le président de la République, c’est quelqu’un qui a des pouvoirs qui lui sont reconnus par la Constitution. Il y a un budget exceptionnel qui fait vivre le chef de l’Etat. Ahmadou Ahidjo a bénéficié de ce budget qui était tiré des revenus du pétrole. Mais Paul Biya est arrivé et a budgétisé le pétrole. Franchement, ce n’est pas de ce type de problèmes dont il faut parler…

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