mardi 18 octobre 2011

Que seraient les tyrans africains sans le soutien de la France ?

Sarkozy en compagnie du "meilleur élève de la France"
Yaoundé 19 octobre 2011. Paris, par la voix de son ministre des Affaires étrangères a jugé que la présidentielle du 9 octobre au Cameroun s’est déroulée dans des conditions « acceptables ». Rien de surprenant, venant de cette France qui a soutenu les pouvoirs totalitaires de Bongo, Sassou, Eyadema, Deby, etc.

La France est en passe de donner sa caution à la mascarade électorale du 9 octobre dernier au Cameroun. Le 11 octobre, le ministre français des Affaires étrangères et européennes, Alain Juppé a vaguement affirmé que la présidentielle camerounaise s’était déroulée dans des « conditions acceptables ». Une réaction officielle de la France qui a fait sursauter de nombreux Camerounais. Eux qui ont assisté à une non-élection au cours de laquelle la fraude l’a disputé aux irrégularités les plus grossières. Monnayage des votes, fichier électoral problématique, votes multiples, absence de noms de certains électeurs sur les listes électorales, parti pris d’Elécam (l’organisme chargé de conduire le processus électoral) en faveur du candidat du RDPC, Paul Biya, harcèlement des opposants qui n’ont pas pu battre campagne à leur guise, utilisation des fonds et moyens de l’Etat en faveur du candidat Biya, médias officiels battant campagne pour lui, abstention massive, etc. Et tout cela ne serait donc pas de nature à entamer la régularité de la réélection annoncée de Paul Biya, selon la France.

Le soutien de la France de Sarkozy à Paul Biya n’a pas de quoi surprendre. Il était d’ailleurs prévisible, tant les intérêts économiques et mafieux de l’hexagone au Cameroun sont nombreux. Il est donc question de maintenir l’ami Biya au pouvoir, coûte que coûte, au nom des intérêts français au Cameroun. On peut citer entre autres les nombreuses affaires du groupe Bolloré, le PMU, Orange, Razel, Total, etc. A cela, il faut ajouter une horde de communicants français (Patricia Balme, Stéphane Fouks, Yasmine Domon Bahri, etc.) qui défilent à Yaoundé, chèrement payés pour polir l’image du pouvoir totalitaire de Paul Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982.
Le syndicat réuni

Le quotidien camerounais, Mutations, dans son édition du 14 octobre dernier, révélait qu’un barbouze français, Daniel Léandri est arrivé au Cameroun et que la France a livré au Cameroun « un important matériel anti-émeute » dans la perspective de possibles manifestations postélectorales. La France est décidément indécrottable et on peut dire que la françafrique, annoncée morte à l’arrivée de Nicolas Sarkozy, a encore de beaux jours devant elle.

En janvier dernier, pendant que les Tunisiens manifestaient contre la dictature de Ben Ali, la France se proposait d’offrir son expertise répressive à la police locale pour mater le peuple alors en colère. C’est également cette même France qui installa Ali Bongo, le fils de son père au pouvoir au Gabon, permit au fils Eyadema de succéder à son père au Togo, aida Denis Sassou Nguesso, chasser du pouvoir à se réinstaller par les armes.

L’on a aussi appris que la France a régulièrement soutenu le régime dictatorial de Kadhafi. Non seulement en lui livrant des armes, mais aussi en aidant les services de renseignement libyens à traquer les moindres opposants au clan Kadhafi. Selon les révélations du Wall Street Journal, Amesys, une filiale du groupe informatique français Bull, Amesys, a collaboré avec le régime du colonel déchu pour l’aider à espionner ses opposants en lui livrant un logiciel de surveillance d’Internet. Cette technologie a permis à l’ancien maître de Tripoli de mettre plus de 5 millions de Libyens sur écoute.

Kadhafi qui continue de courir aurait aussi été aidé dans sa fuite par la France. Selon le site Internet Mediapart, la société française Bull-Amesys a conçu et livré en 2008 pour 4 millions d’euros, un 4x4 ultrasophistiqué indétectable aux radars et capable de brouiller et de neutraliser des engins explosifs. Un bunker roulant à bord duquel le boucher de Tripoli nargue le monde aujourd’hui.

« Quand la France se tiendra-t-elle enfin à distance respectable des miasmes irrespirables qui entourent des dirigeants africains corrompus ? », s’est interrogé le député français Serge Janquin le 11 octobre dernier à l’Assemblée nationale.

«L’Afrique sans la France, c’est une voiture sans chauffeur.
La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant»
Sacré Bongo !
Le soutien inconditionnel de Paris aux dictatures africaines au nom de quelques intérêts économiques est un gros risque. Il est évident que cette attitude va accroître un sentiment anti-français déjà très développé en Afrique francophone.

Malheureusement, le peuple ne fait souvent pas de distinction entre la France officielle ou gouvernante de Nicolas Sarkozy et cette autre France militante qui s’associe au combat et aux malheurs des Camerounais en proie à une authentique dictature depuis 29 ans. Hélas !



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