mardi 4 octobre 2011

Tout pour Paul Biya et rien pour les autres


Yaoundé le 4 octobre 2011. Seules les affiches du candidat-président sont visibles dans les grandes villes du Cameroun. La télévision publique lui consacre des heures de direct et les fonds publics sont mis à contribution pour sa campagne. Pendant ce temps, les 22 candidats de l’opposition rasent les murs et sont victimes d’obstructions des autorités administratives. 




L’affichage du candidat Biya a été réalisé par un membre d’Elécam
10 jours après le lancement de la campagne du scrutin du 9 octobre prochain, le candidat Paul Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982, est enfin sorti du bois. Il est depuis ce matin à Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun où il doit battre campagne. Les populations locales, révèlent les médias camerounais, ont été soudoyés à 5000Fcfa en plus d’un pagne à l’effigie de Paul Biya, pour l’acclamer.

Cette visite du chef d’Etat–candidat a été diffusée en boucle sur la télévision publique, la Crtv. Editorialistes, chroniqueurs et autres grands reporters de la Pravda audiovisuelle locale ont mis leur voix à contribution pour servir aux téléspectateurs des commentaires enflammés de cette entrée en campagne de Paul Biya. Discours serviles, culte de la personnalité du chef de l’Etat, folklores en tout genre, les téléspectateurs en ont bavés. « Nous vous soutiendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang », a dit le président de l’Assemblée nationale, Cavayé Yéguié Djibril, sur un ton martial.

Pendant que la Crtv consacre des heures de direct au candidat du Rdpc, les autres 22 prétendants à la fonction présidentielle peinent à obtenir le moindre reporter pour les accompagner dans leur campagne. Tout pour le Rdpc et son candidat, rien pour les autres. Ils se contentent du strict minimum : les tranches d’antenne qui leur sont consacrées le soir à la télévision publique. Soit 2,5 maigres minutes environs pour s’adresser aux potentiels électeurs.

Depuis le début de la campagne, il y a, on le voit, une domination outrageuse du Rdpc et de son candidat, Paul Biya. A tous les niveaux.

Rien que sur le marché de l’affichage, Paul Biya a fait une véritable razzia dans les villes de Yaoundé et Douala. Tous les panneaux publicitaires géants sont sauvagement occupés par ses effigies. Dans certains carrefours de la capitale camerounaise, on peut compter jusqu’à quatre ou cinq affiches géantes de Paul Biya et rien de ses adversaires. Le marché de cet affichage a d’ailleurs été gagné par Pauline Biyong, membre du conseil d’Elécam, l’organe chargé de conduire le processus électoral…

Pourquoi les autres candidats sont-ils absents sur ces panneaux géants ?  « Faute de moyens », répondent-ils en chœur et surtout parce que Paul Biya a confisqué tous les panneaux géants, dénonce Anicet Ekanè, le candidat du Manidem. Choqué par cette situation, il a décidé d’aller en guerre contre les affiches de son adversaire en les déchirant tout simplement.  

Pendant que les 22 candidats de l’opposition font de la débrouille (Chaque candidat a droit à un financement public d’un montant de 30 millions. Mais, l’administration s’est arrangé pour ne virer une partie de ces fonds qu’après une semaine de campagne), Paul Biya et ses partisans étalent une insolente opulence. « Normal, soutien Joachim Tabi Owono, le candidat de l’Amec. Paul Biya peut compter sur les fonds publics. Les directeurs de sociétés ont été mis en demeure de cotiser pour sa campagne. Nous n’avons rien de tout cela et il n’est donc pas possible qu’on se mette au même niveau que le président. »

Fonctionnaires mis en mission pour battre campagne pour le Rdpc, véhicules administratifs réquisitionnés pour la même cause, tout est fait pour assurer une domination écrasante et indécente de Paul Biya dans la campagne.

L’affichage du candidat Biya a été réalisé par un membre d’Elécam
Certains challengers du président de la République font également fasse au zèle excessif des autorités administratives. Ni John Fru Ndi, le candidat du principal parti de l’opposition a été empêché de tenir campagne lundi à Ebolowa, le chef lieu de la province d’origine du chef de l’Etat du Cameroun. Quelques jours avant lui, Jean de Dieu Momo, qui avait décidé de lancer sa campagne dans le village d’origine du candidat au pouvoir a dû déchanter. Les autorités administratives locales, appuyées par des militaires, l’ayant chassé de Mvomeka’a.

Toutes ces obstructions permettent au Rdpc de règner sur la campagne présidentielle, sans que cela traduise la capacité réelle et sincère de mobilisation du parti-Etat.

1 commentaire:

  1. La Crtv a clairement montré qu'elle bat campagne pour Paul Biya et contre les autres candidats.

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