dimanche 9 octobre 2011

Présidentielle 2011 : quelle pagaille !


Comme eux, de nombreux électeurs n’ont simplement pas eu de cartes
Yaoundé 9 octobre 2011. L’élection du futur président de la république du Cameroun s’est déroulée depuis ce matin dans une ambiance de suspicion. Pas de scrutateurs de l’opposition, votes multiples, des observateurs dits « indépendants » qui font une haie d’honneur à Paul Biya au moment de son vote, encre délébile, prosélytisme des représentants du Rdpc dans les bureaux de vote, etc. L’élection, au moins à Yaoundé, aura été tout, sauf crédible.

Yaoundé. 14h. Devant la représentation Elécam pour l’arrondissement de Yaoundé VI, une foule d’hommes et femmes crient leur colère. Ils se sont régulièrement inscrits sur les listes électorales mais ne peuvent pas voter. Ils n’ont pas obtenu de carte électorale. Ils brandissent leur récépissé d’inscription. « Nous voulons voter. Je me suis inscrit à Mvog Beti. J’ai parcouru tout le quartier depuis le matin et je ne vois mon nom nulle part ! On nous trimbale partout. Ce n’est pas possible », se plaint une dame.

A côté d’elle, un homme, visiblement fatigué se dit déçu de ne pas pouvoir voter. Mais, c’est surtout l’attitude des responsables d’Elécam qui le déçoit. « Nous sommes là depuis ce matin et pas un seul responsable d’Elécam ne veut nous parler. Ils sont enfermés là-dedans et n’ont pas notre temps. C’est énervant », dit-il.

A l’intérieur de la représentation Elécam de l’arrondissement de Yaoundé VI, deux hommes et une dame assurent la permanence. Face aux journalistes, ils ne souhaitent pas s’étendre sur cette « petite » grogne. Tout au plus, ils accusent le « manque de sérieux » des victimes. « On a publié les listes provisoires depuis deux semaines. Où étaient-ils ? Ils ne doivent tout de même pas attendre le jour du scrutin pour pleurnicher », accuse l’une des dames de permanence.

Dans les bureaux de vote à Yaoundé, le vote ne se déroule pas dans la transparence. A l’école publique de Biyem-Assi qui compte cinq bureaux de vote, très peu d’électeurs sont présents. Mais ce qui fait surtout défaut, ce sont les scrutateurs de l’opposition. Il n’y en a pratiquement aucun. Seul le Rdpc, le parti du candidat sortant, Paul Biya, est représenté. Ses scrutateurs peuvent même se permettre un peu de prosélytisme en prenant le soin de proposer le bulletin du candidat sortant aux électeurs qui entrent.

Comme eux, de nombreux électeurs n’ont simplement pas eu de cartes
L’encre n’est pas indélébile. Les membres d’Elécam ne prennent pas le soin d’identifier celui qui vient voter, question de s’assurer qu’il est bien le propriétaire de la carte d’électeur qu’il tient entre ses mains. De nombreuses cartes gisent sur le sol. Abandonnées. « Je suis convaincu que le soir, au moment d’arrêter le scrutin, ils vont chercher des voyous pour voter avec ces cartes. Puisqu’on n’exige pas une carte d’identité et il n’y a pas les scrutateurs de l’opposition pour dénoncer ce genre de chose », confie un journaliste qui a fait plusieurs bureaux de vote de Yaoundé et a observé la même négligence dans le déroulement du scrutin.

A l’école publique de Bastos où Paul Biya a voté, il a bénéficié d’une haie d’honneur. Il a même été ovationné par les responsables d’Elécam, chargés de conduire le vote dans ce bureau spécial. Les observateurs nationaux et internationaux se sont agglutinés autour de lui, laissant la place à toute sorte de tripatouillages dans les autres bureaux de vote de la capitale.

. Yaoundé, ville morte en ce jour d’élection.


A quelques heures de la clôture des bureaux de vote, le constat qui se dégage est la pagaille qui règne dans le déroulement du scrutin. Ce qui fausse forcément la sincérité des résultats qui seront issus des urnes. Votes multiples, achat des consciences des électeurs à qui ont promet 2000 ou 1000 Fcfa contre les bulletins des autres candidats en dehors de Paul Biya, etc.


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