mardi 22 mai 2012

Paul Biya arrose tout Le Monde


Yaoundé 23 mai 2012. Rebelote. Le quotidien français a publié, le 20 mai dernier, une double page de propagande sur le Cameroun, payée à 300 millions FCfa environ. Soit deux fois plus que l’enveloppe globale qui est sporadiquement allouée à toute la presse camerounaise comme aide. 

La page de propagande publiée par Le Monde le 20 mai 2012
On croyait que le quotidien français Le Monde en avait fini avec les doubles pages dithyrambiques sur le Cameroun de Paul Biya, 79 ans, au pouvoir depuis 1982. En novembre 2011, la Société des rédacteurs du Monde avait exprimé son ire après la publication d’une double page publicitaire à la gloire du Cameroun et de son chef. Elle jugeait ces pages de publicité « indignes ». Le quotidien français vient de remettre ça : une nouvelle double page parue le dimanche 20 mai dernier, avec, en prime, une petite mention à la une sous le titre : « Un nouveau Cameroun se dessine ».

Dans cette double page centrale, sous une signature pour le moins inhabituelle (Ayissi Le Beau), Le Monde proclame que « le Cameroun réforme sa gouvernance et devient plus attractif ». Le Monde annonce également la mise en place du Sénat prévu dans la Constitution du 18 janvier 1996 et qui n’a jamais vu le jour, depuis 16 ans. On peut également y lire, des réformes pour la transparence des prochaines législatives au Cameroun. Pour le reste, pas grand-chose à retenir. Juste des banalités du genre « guerre ouverte contre les faux agents immobiliers à Douala ». Des banalités certes, mais qui auraient coûté environ 300 millions de francs Cfa au contribuable camerounais. Soit deux fois plus que l’enveloppe globale qui est sporadiquement allouée à toute la presse camerounaise comme aide. A cela, il faut ajouter les frais qui ont été payés au négociateur recruté parmi la horde de communicants français chargés de polir l’image du président Biya à l’étranger : Patricia Balme, Yasmine Bahri Domon, Stéphane Fouks, etc.

Cette nouvelle réclame sur le Cameroun dans Le Monde est assez inattendue et semble mettre ce journal en contradiction avec lui-même. En septembre 2011, quelques semaines avant la présidentielle, le quotidien français chargeait son « bienfaiteur » dans un article intitulé « Le règne sans fin de Paul Biya ». Le Monde y décrivait un Paul Biya qui fait figure « d’antiquité », sur le continent. Il constatait que la campagne électorale d’alors était atone alors que les Camerounais ont toutes les raisons de se plaindre : « Un pouvoir au-dessus des lois et autoritaires, des inégalités sociales criantes sur un territoire potentiellement riche, une population dont la moyenne d’âge est inférieure à 25 ans et qui est coupée de ses dirigeants. Des Camerounais mécontents, donc, et désabusés par une classe politique très largement corrompue quel que soit le camp, y compris parmi des opposants prompts à renier leurs idées pour un maroquin ministériel. »  Joint au téléphone, une journaliste du Monde a promis de nous rappeler, en vain.

La page de propagande publiée par Le Monde le 20 mai 2012
Le Monde n’est pas le seul journal français qui se fait arroser par la présidence camerounaise. Lors des manifestations du cinquantenaire, plusieurs journalistes français ont été emmenés en « goguette » au Cameroun, nourris et logés aux frais de la princesse. L’Express avait également, par le passé, reçu des annonces publicitaires de la présidence du Cameroun. Ce qui avait alors suscité la colère de la Société des journalistes de l’hebdomadaire. Une réaction assez vigoureuse pour « juste » une demi-page de publicité dans leur journal. « Cette publicité, qui paraît opportunément à l’occasion de la visite officielle en France du dirigeant africain, nuit à l’image de L’Express en induisant le doute sur la caution qu’apporterait le journal à un homme régulièrement dénoncé pour ses manquements démocratiques. En outre, elle s’inscrit en totale contradiction avec le traitement éditorial qui est réservé à ce dirigeant dans nos colonnes », dénonçaient les journalistes de L’Express en juillet 2009.

En pleine campagne électorale en octobre 2011, Le Monde diplomatique, pour sa part, a simplement craché sur un publi-reportage alléchant pour polir l’image du Cameroun et de son chef.

Si les communicants français de tout poil se lèchent les babines chaque fois qu’ils commercent avec la présidence du Cameroun, le contribuable, quant à lui, y laisse des plumes (lire à ce sujet : Thomas Deltombe, « Chantres français pour dictateurs africains », Le Monde diplomatique, mars 2010 ). Parmi les faits qui sont reprochés à Emmanuel Gérard Ondo Ndong, ex-Dg du Feicom, qui croupit en prison pour détournement de deniers publics, il y a le financement des publi-reportages dans les médias étrangers.

mercredi 9 mai 2012

Comment le pouvoir musèle l’opposition


Yaoundé le 9 mai 2012. Manœuvres. Les autorités administratives empêchent le déploiement des hommes politiques et de la société civile sous le prétexte de la menace à l’ordre public. 

Une manifestation de Kah Walla à Yaoundé
Le Sdf entend marcher dans les prochains jours contre le code électoral voté le 13 avril dernier par l’Assemblée nationale et promulgué par le chef de l’Etat. C’est du moins ce qui a été décidé les 20 et 21 avril au cours de la réunion du comité exécutif du Social Democratic Front à Bamenda. Entre cette intention ferme de manifester et la manifestation elle-même, il y a un fossé : l’autorisation de manifestation publique délivrée par l’autorité administrative. Les leaders du Sdf, eux-mêmes, ne se font pas d’illusion quant à l’obtention de ce sésame. Car, que ce soient les hommes politiques ou les leaders de la société civile, organiser une manifestation légale au Cameroun est quasiment impossible. La menace de trouble à l’ordre public est généralement brandie pour justifier les interdictions quasi-systématiques des manifestations. Les exemples sont nombreux.

11 avril 2012. La présidente du Cpp, Kah Walla, organise une marche contre le code électoral à Yaoundé. La manifestation n’a pas été autorisée et la police a été déployée dans les environs de l’Assemblée nationale à Ngoa-Ekellé, pour contenir Kah Walla et ses militants. La marche n’ira pas plus loin et ne durera pas plus de deux heures. Entre temps, des militants du Cpp et des étudiants de l’Addec qui se sont associés à cette marche ont été arrêtés.

17 avril 2012. Les militants du Manidem ont maille à partir avec la police et le sous-préfet de Douala 1er. La manifestation que Anicet Ekane et ses camarades projetaient à leur siège contre l’adoption du code électoral a été interdite quelques minutes avant son début. Le sous-préfet, Jean-Marc Ekoa Mbarga, est là lui-même pour veiller au respect de cette mesure d’interdiction. Même le terme « pacifique » introduit dans la demande de manifestation publique n’a pas réussi à adoucir le sous-préfet qui estime que la nature de la manifestation n’a pas été précisée dans la déclaration.

Sdf
21 avril 2012. Le prêtre dissident jésuite, Ludovic Lado, doit donner une conférence de presse de lancement de sa campagne « Je veux un autre code électoral ». La cérémonie est prévue à 15h30 au siège du Centre catholique universitaire de Melen. A l’heure dite, en lieu et place des journalistes et des invités, la présence dissuasive d’un minibus bondé de policiers. La conférence de presse sera purement et simplement annulée. Le père Ludovic Lado était tout abasourdi par le déploiement de tant de gros moyens pour « une simple conférence de presse dans un domicile privé ».

Février 2012. Au plus fort de l’affaire Vanessa Tchatchou, toutes les manifestations en faveur du bébé volé de cette jeune mère sont non seulement interdites, mais ceux qui se sont entêtés, ont dû faire face à une répression violente des forces de l’ordre. Des hommes politiques sont molestés et arrêtés, tout comme des militants d’associations et d’Ong qui se joignent à la cause du bébé volé. Vincent Sosthène Fouda, candidat recalé à la présidentielle du 9 octobre dernier et figure de proue des manifestations pour faire la lumière autour de cette affaire a d’ailleurs comparu hier au Tpi d’Ekounou, pour manifestations illégales.

Même en pleine campagne électorale, certains hommes politiques de l’opposition ont eu du mal à se déployer, du fait des autorités administratives. Des exemples d’entraves à la liberté de manifestation publique peuvent être multipliés à l’infini. Une situation qui irrite les principales victimes, les hommes politiques. « C’est une logique de conservation du pouvoir, explique Célestin Njamen, militant du Sdf. Le pouvoir panique parce qu’il sait très bien que s’il ouvre une porte, il va finir par ouvrir la barrière et ce sera la chute. »

Pour le secrétaire général du Cpp, Joseph Désiré Som 1, on est, au Cameroun, en présence d’une administration qui se comporte en « bras armé du parti au pouvoir, le Rdpc ». « Je dirai même plus : en gros bras du Rdpc, ajoute-t-il. On assiste à beaucoup d’abus de pouvoir. Car en réalité, nous sommes dans un régime déclaratif. On déclare une manifestation publique, quitte à prendre des dispositions afin que la police encadre la marche. »

Les conséquences de ces interdictions des manifestations publiques sont nombreuses. Les hommes politiques estiment que c’est cette attitude « liberticide » de l’administration qui donne l’impression que l’opposition et la société civile camerounaise sont « indolentes et inactives ». « C’est voulu par le pouvoir, dit Célestin Njamen. L’opposition est ainsi fragilisée. Elle ne peut pas mobiliser le peuple. Ils sont en train de faire passer le code électoral alors que le peuple gronde de l’intérieur, mais ne peut pas agir. »

Courage
Pour Joseph Désiré Som1, ces entraves aux libertés de manifestation publique installent un climat de terreur dans l’opinion et neutralisent le débat démocratique. « Nous sommes frustrés, reconnaît-il. Les populations sont obligées de subir les choses les plus inacceptables. Mais, le pouvoir joue un jeu dangereux ; quand le peuple en aura ras-le-bol, février 2008 n’aura été qu’un jeu d’enfant. »

Pour contourner les autorités administratives, les hommes politiques et les leaders de la société civile sont obligés de passer en force. Au risque d’être rudoyés par les forces de l’ordre. « Il faut être prêt à se sacrifier, à forcer les choses, suggère Célestin Njamen. Hélas ! On manque de leaders politiques courageux. Au moindre pétard, ils fuient. »

mercredi 2 mai 2012

Marafa « manque de respect » à Biya


Yaoundé, 4 mai 2012. Contre-attaque. Dans le brûlot qu’il adresse au président de la République, l’ancien ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation met le chef de l’Etat en face de ses responsabilités et se dit victime d’une affaire politique.

Paul Biya et Marafa Hamidou Yaya, son ancien ministre d'Etat en charge de l'Administration territoriale et de la Décentralisation.
Dans le langage des jeunes, on dira qu’il lui a « manqué de respect », allusion faite à la missive que Marafa Hamidou Yaya a adressée au président Paul Biya depuis sa cellule de la prison centrale de Kondengui. Brûlot qui alimente les conversations depuis hier. Car, c’est bien la première fois, en 30 ans de pouvoir, que Paul Biya est ainsi frontalement attaqué par un ancien collaborateur. Excepté l’affaire Messi Messi, du nom de l’ex-Dg de la Scb, qui s’en alla se répandre en révélations croustillantes sur la gestion du Cameroun dans les colonnes de Jeune Afrique Économie.
Même au plus fort de la disgrâce et de la déchéance, les anciens subordonnés du président de la République, soit évitent de parler de lui, soit continuent de lui témoigner leur fidélité. Titus Edzoa, condamné à 15 ans d’emprisonnement ferme en 1997, après qu’il avait déclaré sa candidature contre Paul Biya à la présidentielle, ne vient-il pas de publier tout un livre (Titus Edzoa, Méditations de prison, Karthala, 2012, 155 pages) dans lequel il évite superbement de parler de son ancien patron ?  Et que dire d’Emmanuel Gérard Ondo Ndong, condamné à 20 ans d’emprisonnement ferme pour détournement de fonds publics et qui, dans une interview chez nos confrères de L’Actu, affirme : « Je reste fidèle à Paul Biya » ?
L’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, pour sa part, a décidé d’affronter son destin et ses révélations portent un coup sérieux à l’opération Epervier et confortent ceux qui estiment qu’elle est une opération « d’épuration politique ».
Sur les accusations de détournement de fonds publics portées contre lui au sujet de l’affaire de l’avion présidentiel pour laquelle il est poursuivi, Marafa Hamidou Yaya les rejette d’un revers de la main et rappelle que c’est lui qui a sollicité le chef de l’Etat dès le 7 mai 2008 pour être entendu dans cette affaire, question de dire sa part de vérité dans « cette scabreuse affaire que [vous] connaissez mieux que quiconque parce que régulièrement informé de ce processus d’acquisition de [VOTRE] AVION, que [vous] suiviez au jour le jour ». 

Mensonge d’Etat
C’est rarement que les accusés de l’affaire de l’avion présidentiel pointent ainsi la responsabilité du chef de l’Etat. Car, au commencement, Paul Biya veut un avion. Mais, parce que le Cameroun est sous ajustement structurel, une telle acquisition est un luxe qui ne peut être que mal vu par les institutions financières internationales. Et pour les contourner, rien de moins qu’une entourloupe actée par le chef de l’Etat : donner l’impression qu’il s’agit d’une acquisition de la Camair, d’où l’entrée en scène de l’administrateur directeur général de la Cameroon Airlines, Yves Michel Fotso.
Marafa Hamidou Yaya dit être en prison du fait du chef de l’Etat et ne cache pas qu’il s’agit d’une affaire politique. « Vous savez bien, écrit-il, que mon incarcération n’a rien à voir avec cette affaire pour laquelle je ne suis coupable d’aucun délit et surtout pas de celui que vous avez instruit que l’on m’impute. » L’ancien Minatd agit ici comme Dominique de Villepin en France qui, poursuivi pour une affaire de droit commun (Clearstream), a habilement réussi à faire admettre à l’opinion qu’il s’agissait d’une affaire politique. « Je suis victime de l’acharnement d’un homme : Nicolas Sarkozy », n’avait-il eu de cesse de clamer, face aux médias et même devant ses juges.
Si l’on s’en tient à la lettre de Marafa Hamidou Yaya – en attendant que ses propos soient démentis par le destinataire –, il se présente certes comme un homme « fidèle et loyal » envers le chef de l’Etat, mais refuse de céder à la reptation et à la courtisanerie ambiante dans le système. Il dit avoir toujours refusé de s’associer aux « folklores » des différentes éditions de « l’Appel du peuple » publié par la Sopecam. Il révèle avoir osé demander au chef de l’Etat, Paul Biya, en 2004, de ne plus se représenter en 2011, devant les électeurs, pour ce qu’il considérait alors comme le septennat de trop. « J’exprimais sincèrement ce que je pensais à l’époque être dans votre intérêt et dans celui de notre pays. Ma conviction à l’époque était qu’un mandat supplémentaire serait le mandat de trop. Comme nous allons le voir, le harcèlement et la vindicte à mon égard datent de ce temps-là; aujourd’hui, je paye peut-être pour cette lucide franchise », écrit-il.

La République des Ragots
Si Paul Biya ne porte peut-être pas son ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation en estime, il le respecte ou le redoute tout au moins. Avant la présidentielle du 9 octobre dernier, rapporte Marafa Hamidou Yaya, il est reçu par le directeur du Cabinet civil, Belinga Eboutou, au nom du chef de l’Etat, qui souhaite savoir s’il entend se présenter contre lui à cette élection. Il dit avoir été choqué par cette curiosité présidentielle qui le confortait vis-à-vis du président de la République sur les nombreux ragots à son sujet.
Quelque chose s’est brisé entre le chef de l’Etat et son ministre d’Etat : le lien de confiance supposé exister entre le détenteur du pouvoir suprême et son « fidèle serviteur » depuis plus de 15 ans. N’en pouvant plus de cette atmosphère délétère où des notes de renseignement plus ou moins sérieuses les disputent aux « ragots » de courtisans et même de « neveu du président » (député Mvondo Assam), Marafa Hamidou Yaya redit au chef de l’Etat sa volonté « non négociable » de ne plus faire partie du gouvernement post élection présidentielle 2012.
Sans vouloir prendre pour argent comptant les propos de Marafa Hamidou Yaya, qui peut être pris à défaut à tout moment par le président de la République, il faut se rendre à l’évidence que ce nouveau prisonnier de l’opération Epervier est bien encombrant. Son brûlot ouvre un embarrassant feuilleton qui ne fait que commencer et qui promet en rebondissements.
Quand on lit entre les lignes, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République et ancien ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale, depuis le bagne, se montre combatif et capable d’aller encore plus loin. De toutes les façons, ce fringant pétrochimiste de 61ans, diplômé de l'université du Kansas (États-Unis) en sait des choses…  
Jean-Bruno Tagne


« Il est manifestement prêt au combat » 

 Mathias Owona Nguini. Le politologue donne les clés pour comprendre la sortie de Marafa Hamidou Yaya.

Mathias Owona Nguini
Que vous inspire la lettre que Marafa Hamidou Yaya vient d’adresser au chef de l’Etat ?
La sortie épistolaire de M. Marafa Hamidou Yaya traduit, d’une certaine manière, la volonté de cette personnalité d’engager une forme de distanciation avec le système qu’il a longtemps servi et le chef avec qui il a longtemps travaillé. Monsieur Marafa Hamidou Yaya profite de cette lettre pour exprimer un certain nombre de vues critiques sur la manière dont le système politique camerounais et surtout le régime du Renouveau fonctionne.
Dans sa lettre, Marafa Hamidou Yaya ose également dire la part de responsabilité du chef de l’Etat dans l’affaire de l’avion présidentielle pour laquelle il est poursuivi…
Il est très clair que le ministre Marafa Hamidou Yaya veut se défendre avec énergie. Il utilise tous les arguments qu’il pense pouvoir l’aider dans cette démarche. Il veut aussi démontrer qu’il a du cran, qu’il a le courage d’assumer sa position.
Est-ce que la lettre de Marafa et les révélations qui y sont contenues sont de nature à porter un coup à la sincérité de l’opération Epervier ?
Cette lettre permet au moins de montrer que les acteurs qui sont concernés par cette campagne ont aussi leur mot à dire dans la construction de la perception qu’on a par rapport à cette opération qui est présentée comme une opération de lutte contre la corruption par les pouvoirs publics et ceux qui les animent. D’autres acteurs, par contre, présentent cette opération comme une chose qui, si elle peut contribuer à l’assainissement des mœurs peut aussi être un cadre d’épuration politique.
A quoi faut-il s’attendre dans le camp présidentiel qui a certainement été touché par la lettre de Marafa ?
Ce qui est sûr, connaissant les habitudes du système, M. Marafa a engagé le rouleau compresseur contre lui. Mais la posture dans laquelle il s’est installé est celle d’un homme qui est manifestement prêt au combat.
Peut-il aller plus loin dans sa démarche de déconstruction du système ?
Bien entendu. Le mode d’action de M. Marafa montre que cette personnalité peut utiliser d’autres ressources pour continuer à s’exprimer dans le cadre du traitement politico judiciaire de cette affaire. Il y a manifestement chez lui, une volonté de se battre jusqu’au bout pour essayer de défendre sa personne. 


« Le tombeau du Renouveau »
Patrice Nganang, écrivain
Saluons le courage politique de Marafa Hamidou Yaya, qui, ainsi, vient de montrer qu’il a le calibre pour devenir le prochain président de notre pays. Il ne doit cependant pas s’arrêter en chemin. Nous attendons, au fond, une chose encore de lui : qu’il nous donne les résultats véritables de l’élection frauduleuse du 9 octobre 2011 qu’il avait supervisée et qui avait permis à Paul Biya d’être encore considéré comme le président du Cameroun. Il le doit au peuple camerounais, il le doit aux 70% qui avaient été exclus du vote au pays et aux 99% qui l’avaient été dans la diaspora. Il a le vent en poupe et sera blanchi des 17 ans de service pour monsieur Biya. Il était évident en effet, surtout depuis que le cardinal Christian Tumi avait pris la défense d’Atangana Mebara, qu’Epervier avait commencé à se retourner contre celui qui a fabriqué cette histoire de toutes pièces, Paul Biya lui-même, qui, pour contourner les institutions internationales, a utilisé les structures de l’Etat camerounais afin de s’acheter un avion aux frais de la « bayamsallam » et ainsi plus facilement passer la moitié de l’année en Suisse, comme nous le savons.


« Au président d’en tirer les leçons »
Charles Ateba Eyene, militant du Rdpc
Marafa est un homme sincère et honnête. On peut le dire si effectivement il a demandé au président Biya de ne pas se présenter à la présidentielle de 2011 et s’il a réellement voulu démissionner en mai 2007. Ce faisant, il est évident que l’ex Sg/Pr de Biya, par ses conseils, a clairement signifié ses ambitions présidentielles à son patron. Cela est légitime. Cependant, en maintenant Marafa dans le gouvernement, le président Biya a forcé l’amour d’une femme qui ne voulait plus de lui. Que c’est délicat de cohabiter avec une épouse qui a cessé de vous aimer !
Mais, Marafa n’est pas au-dessus des lois de la République. Tout ce qu’il fait maintenant est humainement compréhensible, mais manque de légitimité. Il s’est donné une stature impressionnante qui, avec son arrestation, est devenue illusoire. Aucun chantage de qui que ce soit ne passera au cours de ce septennat capital pour notre pays. Au président Biya d’en tirer toutes les leçons. Au peuple de rester éveillé, attentif et lucide pour que les charognards ne prennent pas en otage les citoyens et la République.
Les prisonniers de luxe font dire que le prochain président de la République sortira de Kondengui ou de New Bell à Douala. On devient chef de l’Etat dans une République normale quand on a été emprisonné pour des causes nobles et non pour vol ou détournement de la fortune publique. Pour nous, ils sont disqualifiés de la course en 2018.

« La confusion règne »
Olivier Bilé, président de l’Ufp
Par delà la lettre de Marafa Hamidou Yaya, ma réaction porte sur ce qui se passe actuellement dans le pays et particulièrement au niveau du système dirigeant. La réalité est que la discorde et la confusion règnent désormais dans le camp de l'adversaire. C'est le temps du jubilé qui entraine l'autodestruction de tous les systèmes aux bases obscures. En dehors du maitre du temps et de l'histoire, nul ne peut prédire comment ce scénario mélodramatique va se terminer. Le spectacle qui se déroule sous nos yeux témoigne de ce qui se passe inéluctablement lorsque la politique a été inaugurée et est pratiquée selon les logiques des hommes, selon les prescriptions de Machiavel, selon celles des penseurs de l'humanisme moderne. Cette logique postule des horreurs du type « l'homme est un loup pour l'homme » ; en politique tous les coups sont permis; en politique, point de vertu, etc.

« Marafa traite Biya de fourbe »
Célestin Njamen, militant du Sdf
Avec l’affaire Marafa, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé. M. Biya s’attendait à tout, sauf à ce déballage. En vérité, il s’agit d’une menace. En gros, Marafa traite Biya de fourbe, du fait qu’il lui avait, à chaque fois, renouvelé sa confiance, malgré toutes les accusations grossières contre lui. Mais le peuple camerounais n’a que faire de cette bataille de chiffonniers dans ce panier à crabes rdépéciste. Ce que veut le peuple, c’est la fin de ce système mafieux qui l’a plongé dans la misère. J’ai toujours dit que l’opération Epervier ressemblait à tout, sauf à une opération d’assainissement de la moralité publique. Monsieur Biya c’est Machiavel, peut-être même en pire. Marafa l’a mis en garde. Il lui rappelle en substance qu’il n’est plus tenu par l’obligation de réserve, en insinuant que ce qui se disait entre eux à huis-clos, sera désormais connu de tous. Nous espérons seulement que M. Marafa aura des c… assez dures pour tenir.