Yaoundé le 27 septembre 2011. Pauline Biyong, membre d’Election Cameroon, l’organe chargé de conduire le processus électoral au Cameroun, a gagné le juteux marché d’affichage des panneaux publicitaires du président de la République, candidat à sa propre succession.
Yaoundé. Les affiches du candidat Paul Biya côtoient la crasse de la capitale. |
C’est probablement le plus gros scandale de ce début de campagne électorale de la présidentielle du 9 octobre prochain au Cameroun. Le quotidien Mutations révèle dans son édition du 26 septembre 2011, que Pauline Biyong, membre du Conseil électoral d’Elecam, (l’organisme chargé de conduire le processus électoral au Cameroun) a gagné le marché de l’affichage des panneaux du candidat du Rdpc, Paul Biya, 78 ans, au pouvoir depuis 1982 et candidat à sa propre succession.
Certains membres d’Elecam ne semblent pas du tout émus par cette révélation de Mutations. L’un d’eux affirme qu’aucune loi n’empêche un membre du Conseil électoral d’Elecam de gagner un marché, même d’affichage pour la campagne d’un candidat à la présidentielle. Et notre source d’ajouter que, de toutes les manières, tous les marchés d’Elecam (achat des urnes, etc.) sont gagnés par ses membres. Donc, circulez, y a rien à voir !
Pauline Biyong a été nommée au Conseil électoral d’Elecam comme personnalité de la société civile. A l’époque des faits, sa neutralité était déjà sujette à caution. L’on lui reprochait ses accointances avec des pontes du parti au pouvoir. Toute chose contraire à la neutralité supposée qui semblait être le motif de sa nomination dans le conseil électoral d’Elecam. Aujourd’hui, le masque est tombé. On découvre alors qu’un membre d’Elecam bat campagne, par l’affichage, au profit du candidat Biya. Dès lors, de quel crédibilité peut encore jouir Elecam auprès de l’opinion ? Une opinion qui s’est, au demeurant, toujours montrée sceptique quant à son indépendance réelle.
Pauline Biyong et ses camarades d’Elecam ont beau jeu de dire qu’elle ne tombe sous le coup d’aucune loi. Soit ! Mais quand on occupe une fonction aussi importante et délicate au sein d’Elecam supposée être l’arbitre du jeu électoral au Cameroun, il y a un minimum d’éthique et de détachement qu’il faut observer. Question de code d’honneur.
La une de Mutations du 26 septembre 2011. |
Quand on connaît les conditions dans lesquelles les marchés publics sont attribués au Cameroun, il y a fort à parier que Mme Biyong a dû bénéficier des passe-droits d’une personnalité haut placée dans le pouvoir pour bénéficier de cette manne financière. Elle n’aura donc désormais qu’à se battre bec et ongle pour garantir l’élection du candidat du RDPC, question de continuer, ad vitam aeternam, à jouir de ces juteux marchés. N’a-t-elle d’ailleurs pas été nommée par Paul Biya ?
Sous d’autres cieux, une telle révélation aurait entraîné la démission immédiate de l’indélicate et de son mentor, qui lui a permis de gagner ce marché. Mais au Cameroun où la bêtise la plus abjecte devient une simple banalité, peu de gens s’en émeuvent.
En pleine campagne électorale, même les candidats, surtout ceux de l’opposition, n’en ont pas encore fait cas. Seuls les publicitaires, jaloux d’avoir perdu un tel marché, crient sur tous les toits. Et la vie continue et ainsi va la farce électorale qui se jouera le 9 octobre prochain.
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