Yaoundé le 25 juin 2012. Revendication.
Dans une lettre ouverte adressée aux Camerounais, Pierre Ndom explique que c’est
pour « réconcilier les Camerounais ».
Au
début des années 1990, les hommes politiques de l’opposition et une partie de
la société civile avaient réclamé à cor et à cri une conférence nationale
souveraine. Pierre Ndom, le président national du Mouvement patriotique
africain (Mpa), qui réside en France, vient de prendre le contre-pied du chef
de l’Etat, Paul Biya, qui avait balayé cette revendication d’un revers de la
main. « Non, la conférence nationale souveraine n’est pas sans
objet », écrit-il dans une lettre ouverte datée du 18 juin dernier
adressée aux Camerounais. Associé au Front uni pour le changement et au Camdiac (Cameroon diapora for change),
il convoque cette conférence nationale souveraine pour le 1er octobre 2012 au Palais
des Congrès de Yaoundé.
Le
Mpa constate que le Rdpc, qu’il qualifie de « parti Etat », grâce à
sa « majorité obèse et mal acquise», et Paul Biya, ont refusé aux Camerounais
la possibilité d’avoir un code électoral de nature à garantir des élections
libres et transparentes au Cameroun. Il regrette l’absence d’un certain nombre
d’exigences de l’opposition et de la société civile dans le nouveau code
électoral adopté par l’Assemblée nationale : « La limitation du
mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois, le scrutin
présidentiel à deux tours, le bulletin unique, la majorité électorale à 18 ans,
le redécoupage électoral, l’utilisation optimale de la technologie biométrique,
la définition légale du calendrier électoral, l’indépendance d’Elecam par
rapport au président de la République. »
Le cas Marafa
Le
Mpa et ses affidés appellent donc non seulement à une conférence nationale
souveraine, mais à une modification de la Constitution, seuls moyens, selon
eux, de « rétablir l’espoir et la dignité du peuple camerounais,
l’instauration d’une transition vers un Etat de droit moderne, de démocratie,
de progrès et de justice pour tous ».
Pierre
Ndom profite de sa lettre ouverte aux Camerounais pour revenir sur le cas
Marafa Hamidou Yaya. Pour lui, les lettres que publie l’ancien ministre de
l’Administration territoriale et de la Décentralisation depuis la prison
permettent de se rendre compte que « le Cameroun n’est pas gouverné, mais
plutôt dirigé par un régime dictatorial qui, à travers des décennies de
machiavélisme des plus diaboliques, n’a jamais fait mystère de son hostilité
viscérale à l’encontre de l’intérêt national ». « L’activité
épistolaire de Marafa Hamidou Yaya, un homme qui fut pendant près de vingt ans
l’une des chevilles ouvrières du régime, tient haut les rênes dans la sphère
médiatique nationale, résolu, du fond de son pénitencier, à un périlleux
exercice d’exhumation minutieusement anticipé. C’est l’un des fidèles, sinon le
plus fidèle et donc solidairement responsable de la situation que vit ce pays
de nos jours. Il nous permet de découvrir, à chaque nouvelle sortie, qu’au sein
de la classe dirigeante actuelle, chacun a sa part de responsabilité à quelque
niveau que ce soit sur l’état de misère que connaissent nos compatriotes. Pour
l’histoire, la valeur ajoutée du déballage de Marafa est d’un intérêt indéniable. »
Joint
au téléphone hier, un cadre du secrétariat national à la communication du Rdpc
minimise cette lettre ouverte ainsi que l’appel à une conférence nationale
souveraine. « Une fois de plus, c’est sans objet, dit-il. Les gens
alignent des mots qui ne veulent absolument rien dire. Nous, au Rdpc, nous travaillons.
Nous n’avons pas de temps à consacrer aux verbiages des gens inconnus des
Camerounais. »
« La conférence nationale est un impératif »
Pierre Ndom. Le président du Mpa explique pourquoi il appelle à cette rencontre.
Pierre Ndom |
Le Mouvement
patriotique africain (Mpa) dont vous êtes le président, le Front uni pour le
changement et le Camdiac appelez à une
conférence nationale souveraine le 1er octobre 2012. C’est
sérieux ?
Oui. C'est très
sérieux. Un patriote ne pourrait rester de marbre face à la déliquescence qu'on
peut observer au Cameroun. La conférence nationale est un impératif qui
permettra au Cameroun de se réconcilier et de lancer les bases d'une société
soucieuse de ses citoyens. Nous avons adressé plus de 8000 courriels à ce
propos.
Comment
comptez-vous vous y prendre, étant donné que vous résidez en Europe ?
Je ne suis que l'un des
appelants. Derrière ce vœu, il y a d'autres partis, associations, acteurs de la
société civile. Chacun à sa place, essaiera, par tous les moyens, de plancher
sur cette proposition. La majorité de ceux qui appellent à cette conférence
nationale sont nos partenaires du G7 que nous avons rejoints depuis peu.
Qu’est ce qui
justifie aujourd’hui cet appel à une conférence nationale ?
L’élection
présidentielle d’octobre 2011 n’a pas apporté la crédibilité dont un président
de la République a besoin pour doter un pays d’institutions fortes. On peut
constater que les institutions sont malades. Tout fonctionne à coup de décrets.
Le président de la République du Cameroun est de plus en plus isolé sur le plan
international. Le Cameroun est perçue à l'extérieur comme une des plus
terribles dictatures encore existante en Afrique. Les Camerounais dans leur
plus grande majorité ne se sentent plus en phase avec nos institutions, qui
sont obsolètes et inadaptées aux défis d'un monde qui change sous nos yeux. En
clair, les Camerounais souffrent et cela appelle une refondation de nos
institutions pour leur permettre de répondre à leurs souffrances.
Un cadre du
comité central du Rdpc parle de « verbiage » en ce qui concerne votre
lettre ouverte aux Camerounais. Comment réagissez-vous à cela ?
Je vais lui dire qu'il
peut qualifier ma lettre de verbiage tout simplement parce qu'il n'est pas dans
le besoin. Et je comprends sa réaction. Je voudrais le rassurer ; nous
sommes des patriotes. Nous appelons tous les Camerounais de tout bord au
rassemblement. Le Cameroun a besoin de tous les Camerounais pour cette grande
œuvre de refondation. J'en profite pour lancer un appel au Rdpc à participer
activement à cette conférence nationale.
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