lundi 9 janvier 2012

L’opposition veut des élections claires

Yaoundé le 9 janvier 2012. Législatives et municipales 2012. Le Manidem menace de ne pas s’engager alors que le Sdf, le Cpp, l’Afp, l’Udc, etc. font des propositions pour l’amélioration du processus électoral. 

Paul Biya, le 9 octobre dernier lorsqu'il votait.
A sept mois des élections législatives et municipales au Cameroun, certains partis de l’opposition mettent la pression sur le pouvoir en vue d’une élection libre et transparente. Le président du Manidem, Abanda Kpama, est formel : « Nous n’irons pas aux élections tant que le processus électoral n’est pas modifié de façon substantielle. » « Nous nous sommes concertés avec d’autres partis de l’opposition et malgré notre bonne volonté, poursuit-il, nous observons qu’en face, le régime ne veut pas jouer la transparence électorale. Et si nous n’allons pas à ces élections législatives et municipales, nous créerons des conditions pour qu’elles n’aient pas lieu. » Cette position est partagée par d’autres partis politiques de l’opposition, notamment le Sdf, l’Udc, le Cpp, l’Afp, etc. qui souhaitent l’amélioration du processus électoral au Cameroun.
Les Camerounais se rendront en effet aux urnes en juillet prochain pour choisir leurs maires et leurs députés à l’Assemblée nationale. Cette autre élection interviendra après la présidentielle du 9 octobre dernier, qui a porté Paul Biya au pouvoir avec une majorité de 77,98% des voix. Une élection restée en travers de la gorge d’une partie de l’opposition, de la société civile et de la communauté internationale.
Election Cameroon (Elecam), l’organe chargé de conduire les élections, est le point de mire de toutes ces critiques, au-delà du processus électoral en lui-même. « Elecam a manifestement manqué l’occasion d’affirmer sa pleine capacité à conduire et à maîtriser le processus électoral camerounais. L’origine des difficultés et dysfonctionnements de tous ordres qui ont émaillé l’organisation matérielle du scrutin du 09 octobre 2011 est à rechercher ailleurs que dans la seule jeunesse d’Elecam », dénonce l’Ong Transparency International Cameroon.
L’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, lui, affirme qu’il y a eu des « des incohérences et des irrégularités à tous les niveaux, ainsi que des difficultés techniques de la part d'Elecam dans l'administration de l'élection. »
Face à toutes ces critiques, le président Paul Biya salue une élection qui s’est déroulée dans le calme et dans la transparence. Mais, reconnaît au passage, dans son discours d’investiture le 3 novembre 2011 à l’Assemblée nationale, qu’il y a encore à faire pour améliorer le processus électoral camerounais. « Si les progrès accomplis dans le domaine de la démocratie électorale sont indéniables, dit-il, il n’en demeure pas moins que certains réglages sont à faire au niveau de notre organe électoral en vue de son meilleur fonctionnement. Aussi restons-nous, aujourd’hui comme hier, à l’écoute des suggestions et des recommandations. »
Quelques jours plus tôt, sept leaders de l’opposition camerounaise (John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Jean de Dieu Momo, Kah Walla, Bernard Muna, Albert Dzongang et Ayah Paul) s’étaient réunis à Yaoundé pour réaffirmer la nécessité « de réformer le système électoral afin de garantir à tous les acteurs des règles de jeu équitables pour l’accès aux fonctions d’exercice  du pouvoir politique d’une part et la transparence de choix du citoyen dans la désignation de ces représentants à divers niveaux de la société d’autre part ».





Système électoral : les propositions de l’oppositions
-          Mise en place d’une Commission nationale électorale indépendante (Ceni)
-          Election à deux tours
-          Code électoral unique
-          Délivrance immédiate d’une carte d’électeur dès l’inscription sur la liste électorale
-          Refonte des listes électorales
-          Inscription biométrique
-          Fichier électoral informatisé et accès permanent aux électeurs
-          Ramener la majorité électorale à 18 ans
-          Intégrer les organisations de la société civile dans les commissions électorales
-          Découpage électoral fixe et connu au moins deux ans à l’avance


Les recommandations des Etats-Unis
      Elecam doit pouvoir démontrer son indépendance ;
      Le Cameroun doit adopter un bulletin de vote unique afin d’empêcher l’achat des voix, l’indisponibilité de certains bulletins et la confusion concernant comment voter ;
      La campagne doit s’étendre sur plus de deux semaines pour permettre à tous les partis de défendre leurs projets de société ;
      Le parti au pouvoir doit s’abstenir d’utiliser les ressources publiques pour faire campagne, car il se dote d’un avantage injuste en utilisant l’argent du contribuable ;
      Le parti au pouvoir doit s’abstenir de susciter la peur en faisant valoir que voter pour l’opposition entraînerait l’instabilité et la guerre civile ;
      Le fichier électorale doit être soigneusement nettoyé pour supprimer les noms des personnes décédées et les doublons, et les listes doivent être publiées sur Internet pour permettre à tout le monde de les consulter afin de faire corriger les erreurs ;
      Les cartes d’électeurs doivent être biométriques et distribuées bien à l'avance ;
      Les bureaux de vote doivent être mieux identifiés bien avant le jour du scrutin ;
      Les membres des bureaux de vote et les scrutateurs doivent être mieux formés ;
      Les électeurs doivent être mieux formés pour pouvoir comprendre le processus de vote
      ELECAM doit accréditer tous les observateurs ;
      L’encre doit être indélébile, correctement appliquée, et vérifié ;
      Le nombre de bureaux de vote doit être réduit dans les zones urbaines et, pour permettre une meilleure couverture par les responsables des bureaux de vote et les représentants des partis, il faut instituer plus d’un isoloir par bureau de vote ;
      Des dispositions supplémentaires doivent être prises pour les électeurs handicapés ;
      Les urnes doivent être scellées correctement avant l’ouverture du scrutin ;
      Les bureaux de vote doivent fermer suffisamment tôt pour permettre le dépouillement des voix avec la lumière du jour ;
      La couverture médiatique, notamment par la CRTV, doit être plus équitable ; et
      Les jeunes doivent être encouragés à voter puisque la plupart des électeurs à l'élection présidentielle semblait être âgés de 40 ans et plus.







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